[Le mot du silencieux] — Pourquoi j’ai joint Rosemère Vert
Par Paul Cahill - Février 2022
J’emprunte le titre de mon blog à Albert Brie qui écrivait des chroniques dans Le Devoir au cours des années 70 et 80. Mon texte ne ressemble en rien à ceux de monsieur Brie mais j’aimais bien comment il avait intitulé ses chroniques. Le mot du silencieux : un paradoxe plutôt amusant!
J’espère produire quelques textes au cours des prochaines semaines pour vous faire part de différentes réflexions sur ce qui s’est passé au cours des dernières années à Rosemère concernant le dossier de l’ancien golf.
Pour débuter, j’aimerais vous partager les raisons qui m’ont amené à m’impliquer avec le regroupement citoyen Rosemère Vert.
J’ai 67 ans. J’habite Rosemère depuis 1999 avec ma conjointe Pascale et nous avons 2 filles qui sont dans la jeune vingtaine. J’ai enseigné au primaire pendant presque 40 ans et je suis maintenant en semi-retraite.
Je me suis toujours intéressé à l’environnement, mais depuis le rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) de 2018, je suis particulièrement préoccupé par les changements climatiques. Mes lectures et certains reportages m’ont sensibilisé à cette problématique et m’ont amené à revoir ma façon de consommer, de me déplacer et de diminuer mon empreinte carbone.
Je suis conscient que mes efforts individuels ne suffisent pas et que des changements importants au niveau politique et économique devront avoir lieu si on veut laisser une planète viable aux générations futures.
En 2017, j’ai voté pour l’équipe InnovAction+, car monsieur Éric Westram promettait de protéger le maximum du site de l’ancien golf. La protection de ce terrain me tenait à cœur, car si nous voulons diminuer la production des GES et conserver notre biodiversité, il faut empêcher que nos derniers grands espaces verts soient les victimes d’un développement immobilier comme on en a trop vu depuis 60 ans.
En 2018, les consultations publiques ont commencé. Cette année-là, j’ai répondu à un sondage dans lequel il n’y avait aucune question qui portait sur l’avenir de l’ancien golf. Je me suis demandé pourquoi mais je me suis dit que ça viendrait plus tard. Je faisais confiance au maire et à l’équipe en place. Cette même année, la Ville n’a pas présenté le thème de la protection du site de l’ancien golf aux citoyens consultés au cours des rencontres qui portaient sur l’avenir urbanistique de Rosemère.
En 2019, enfin, on allait aborder le sujet aux tables de discussions! C’est avec enthousiasme que je me suis présenté à ces rencontres pour constater qu’il n’y avait qu’à une seule table sur 8 où on en discutait, que celle-ci avait déjà un maximum de participants et que parmi ceux-ci on retrouvait les 2 promoteurs du site de l’ancien golf, messieurs Patrick Varin et François Vachon, vice-président Finance du Groupe Vachon. Je suis revenu à la maison Gros-Jean comme devant. La frustration montait et la confiance en l’équipe Westram, elle, baissait.
La cerise sur le gâteau, ce fut en février 2020 dans le gymnase du Collège Sacré-Cœur. Cette fois-ci, on demandait aux citoyens (une centaine était présente) d’indiquer leur accord à différentes propositions de la Ville sur plusieurs aspects de l’avenir urbanistique de Rosemère. Sur des tableaux d’affichage, nous devions appliquer de petits collants pour signifier si on était d’accord ou non avec les différentes propositions. Treize propositions portaient sur le site de l’ancien golf, mais toutes avaient comme postulat que le site serait développé. Des propositions comme aménager des stationnements souterrains et conserver la topographie naturelle du site en sont des exemples.
La seule qui concernait l’accord à un pourcentage souhaité ou non d’un développement sur le site de l’ancien golf commençait ainsi : Conférer une vocation « parc » à un minimum de 50% du site de l’ancien golf…
Comment répondre à une proposition comme celle-là pour moi qui souhaitais la conservation de 90% du terrain (soit la portion sur laquelle le zonage ne permet pas de construction résidentielle ou commerciale)? Si j’indiquais que je refusais cette proposition, on en conclurait que je désirais moins de 50%. Malgré mes réticences, j’ai dû m’astreindre à donner mon approbation alors que j’étais en désaccord avec cette proposition ! Je n’étais pas le seul. Plusieurs citoyens se sont sentis floués par cette recommandation. En fait, j’en ai par la suite parlé avec des dizaines d’individus, dont plusieurs n’étaient pas citoyens de Rosemère et je n’ai rencontré que 7 personnes qui trouvaient que cette proposition ne causait aucun problème : le maire et les 6 membres du Conseil !
C’est au terme de ces consultations que les élu.e.s ont commencé à parler d’acceptabilité sociale pour un projet de développement sur 50% du site de l’ancien golf. Soudainement, le maximum qu’on promettait de protéger lors de la campagne de 2017 est devenu un minimum de 50%. Or, mon expérience m’a fait voir les failles en ce qui concerne les consultations au sujet du site de l’ancien golf*. C’est la raison pour laquelle de nombreux citoyens demandent depuis 2 ans des consultations spécifiques sur l’avenir de ce patrimoine naturel à Rosemère.
Par la suite, ça n’a pas traîné. Un mois après le dernier rapport de consultation en juin 2020, le Conseil faisait la demande pour un changement d’affectation du sol du site de l’ancien golf à la MRC, pour que de « golf » elle passe à « résidentielle en milieu paysager » sur 100% de la superficie du site.
J’ai écrit quelques courriels aux élus pour comprendre, mais les réponses étaient toujours les mêmes. Le maire avait déjà commencé dans le gymnase à Sacré-Cœur à me parler du risque que les promoteurs accusent la ville d’expropriation déguisée. Une affirmation qu’il finira par admettre lors d’une séance du conseil de ville qu’elle s’avérait erronée un an plus tard.
Pendant l’hiver 2021, j’ai rencontré par hasard des membres de Rosemère Vert. Ils avaient commencé depuis l’été précédent à contester les démarches de la ville qui favorisaient le développement sur le site de l’ancien golf. Ma conjointe Pascale intervenait à l’occasion sur leurs réseaux sociaux. Ils m’ont demandé si on voulait se joindre à eux.
Nous n’avons pas hésité un instant et accepté leur offre. Ensemble, on est toujours plus forts pour défendre une cause. Dans ce groupe, nous avons rencontré des gens très motivés, avec une expertise dans plusieurs domaines, ouverts aux idées de nouveaux venus comme nous.
Il reste beaucoup à faire, car contrairement à ce que monsieur Westram affirme, les citoyens n’auront pas le dernier mot si on laisse se faire le changement d’affectation du sol demandé à la MRC. Je reviendrai là-dessus dans un prochain texte.
En attendant, si vous désirez vous aussi vous impliquer, je vous invite à vous joindre à l’équipe et à rester informé en vous abonnant à l’infolettre. De plus, vous pouvez aussi faire un don, car Rosemère Vert a besoin d’un soutien financier pour continuer sa mission. Si la protection et la restauration de l’espace vert qu’est le site de l’ancien golf vous tient à cœur, donnez du temps ou quelques dollars, qui serviront à aider Rosemère Vert à informer la population sur les enjeux entourant l’avenir du site de l’ancien golf.
Paul Cahill
* Pour parfaire vos connaissances sur les consultations publiques vous pouvez répondre à ce quiz en cliquant ici.